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La Sécurité axée sur le comportement et l’industrie de la construction

Larry Wilson

Traduit de l’anglais. La version originale par Larry Wilson est parue dans Constrution & Engineering Safety magazine en septembre 2001.
Reproduit avec permission.

 

La sécurité axée sur le comportement convient-elle à l’industrie de la construction? Il semble qu’avec une main d’oeuvre transitoire et des tâches qui changent sans cesse, l’implantation de la sécurité axée sur le comportement serait difficile à réaliser.

Même si des milliers de compagnies ont réussi à réduire de façon significative les blessures, augmenter le niveau de participation en regard aux programmes de sécurité et améliorer le moral des employés en instaurant un processus de sécurité axée sur le comportement, l’industrie de la construction hésite encore à se joindre à eux.

Pourquoi? Les processus de sécurité axée sur le comportement présentent deux obstacles à leur réussite, dans les secteurs de la construction.

  1. On considérait, jusqu’à récemment, la sécurité axée sur le comportement comme un processus à long terme afin d’obtenir les résultats attendus, ceuxci pouvant nécessiter de trois à cinq années d’implantation. La plupart des projets de construction ne durent pas aussi longtemps.
  2. Instaurer un programme de sécurité axée sur le comportement dans le secteur de la construction coûte cher et prend du temps. Il faut du temps et de l’argent pour implanter un programme de sécurité axée sur le comportement, et les contrats de construction sont récompensés en fonction de la réduction des coûts et du temps d’achèvement des travaux.

 

Figure 1

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À moins de résoudre ces problèmes ou de les éviter complètement, beaucoup de temps s’écoulera avant que la sécurité axée sur le comportement ne soit aussi répandue dans l’industrie de la construction qu’elle ne l’est déjà dans d’autres industries.

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu de réussites. Au contraire, un projet de construction à une centrale électrique, qui emploie plus de 2 000 travailleurs, n’a enregistré aucun accident avec perte de temps (blessure sérieuse) sur une période de 18 mois. Une autre entreprise de construction a enregistré un taux de blessures moins élevé au cours d’un projet de trois ans que la compagnie pétrochimique hôte.

Donc, il est possible de réussir l’implantation de la sécurité axée sur le comportement, dans un secteur de la construction. Et même s’il n’y a aucune méthodologie qui peut garantir son succès, certaines compagnies de construction ont suivi les étapes suivantes :

  • À cause de la nature transitoire de la main d’oeuvre, une compagnie peut offrir de la formation uniquement à ces gestionnaires, surintendants, contremaîtres généraux et contremaîtres. Pour certaines compagnies, les coûts de formation peuvent être réduits par le fait que les contremaîtres consacrent déjà la plupart de leur temps à la formation. Lorsque les personnes oeuvrant à tous les niveaux de la gestion font des observations, offrent de la rétroaction positive et encouragent les gens à travailler en sécurité, les activités reliées à la sécurité axée sur le comportement offrent beaucoup d’avantages. Bien que cette formation ne soit pas aussi efficace que la rétroaction entre pairs donnée en temps réel et, pourvu que la compagnie ait animé des sessions de formation pour expliquer les objectifs de la sécurité axée sur le comportement à tous ses employés, elle peut, tel que mentionné, s’avérer très efficace à réduire les blessures. Une fois que la main d’oeuvre comprend que la sécurité axée sur le comportement n’est pas conçue pour punir les employés, il est plus facile de susciter l’engagement au système. De plus, les sessions de formation donnent aux gestionnaires une occasion d’encourager les employés à penser davantage à leur propre sécurité et aux risques qui existent.
  • D’autres compagnies encore ont utilisé les sessions de formation pour inclure des concepts et des techniques de sensibilisation avancée à la sécurité. La formation avancée de sensibilisation à la sécurité examine tous les éléments qui existent en regard à une blessure accidentelle : le risque, le fait inattendu qui intervient et le danger qui entre en contact avec le travailleur ou le travailleur qui entre en contact avec lui.

 

Figure 2

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Bien que généralement, l’accent est mis sur les risques en ce qui a trait aux programmes de sécurité, « la source de l’inattendu » devrait être examinée de plus près (voir figure 1). Soit un travailleur fait quelque chose d’inattendu, son collègue fait quelque chose d’inattendu ou l’équipement produit un effet inattendu.

Il est assez surprenant que plus de 90 pour cent de toutes les blessures soient causées par le comportement inattendu de la personne elle-même, plutôt que l’autre personne ou l’équipement. Ces événements inattendus commis par l’individu sont des fautes ou des erreurs (ils sont toujours inattendus). Les erreurs suivantes causent plus de 90 pour cent des blessures :

  • inattention du regard
  • distraction
  • être dans la ligne de tir ou se diriger vers elle
  • perte d’équilibre, d’adhérence ou de prise

Il existe également des facteurs humains qui contribuent à ces erreurs. Les quatre états suivants causent plus de 90 pour cent des quatre erreurs indiquées ci-dessus :

  • précipitation
  • frustration
  • fatigue
  • excès de confiance

Bien que nous commettions quand même des erreurs, il est possible d’apprendre aux gens à reconnaître s’ils sont dans un des quatre états avant qu’ils ne commettent une erreur critique.

Quatre techniques pour éviter de commettre des erreurs critiques :

  1. Réagir à un état de manière à ne pas commettre d’erreur critique
  2. Analyser les chaudes alertes et les petites erreurs (pour éviter d’avoir à regretter des erreurs plus importantes)
  3. Cherchez chez les autres les comportements qui augmentent le risque de blessures
  4. S’efforcer de prendre de bonnes habitudes qui réduisent le risque de blessures

Former les employés à réagir aux erreurs critiques et faire ensuite un suivi en menant des observations au travail réduit rapidement et de manière significative les blessures. Certaines compagnies ont enregistré une diminution du taux de blessures de 80 pour cent dès les premiers quatre mois, bien que les réductions, en moyenne, soient entre 60 et 90 pour cent et ce, en l’espace de six à douze mois.

Est-ce que les résultats souhaités peuvent être obtenus assez rapidement pour l’industrie de la construction? Dans certains cas, oui, et dans d’autres, non, mais l’industrie de la construction aura au moins à sa disposition, un modèle à suivre pour améliorer la sécurité avec un programme de sécurité axée sur le comportement.

Et quand est-il pour le coût? Même si le processus fonctionne assez rapidement, il coûte cher tout de même et prend du temps (50 $ par employé, 5 x 1,5 heures par séance de formation). Toutefois, les blessures et les enquêtes sur les accidents et les incidents coûtent chers également. Si les blessures diminuent, les économies réalisées peuvent couvrir les coûts de formation, les salaires et les frais encourus. Tel que mentionne un entrepreneur principal : « J’aime mieux payer les frais encourus pour la formation que les coûts reliés aux blessures, aux dommages et aux délais… »

 

Larry Wilson agit à titre de consultant en matière de sécurité axée sur le comportement depuis plus de vingt ans. Il intervient dans plus de 2 000 entreprises situées au Canada, aux États-Unis, au Mexique, en Amérique du Sud, dans les pays du bassin Pacifique et en Europe. M. Wilson est le principal auteur de SafeStart, un programme de formation de pointe à la sensibilisation à la sécurité, celui-ci utilisé par plus de 1 500 000 personnes, dans plus de 40 pays et en 25 langues.

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